Depuis l’ouverture du premier tronçon sans barrière en Autriche au début des années 2000, le péage en flux libre (free flow) s’est progressivement imposé comme une référence sur les grands axes européens. En 2025, près de 14 000 km de routes payantes sont déjà équipés de portiques multi-voies capables de lire une plaque et de collecter un paiement en moins de 200 millisecondes. Derrière cette montée en puissance : la recherche d’une meilleure fluidité, la réduction des émissions dues aux files d’attente et une volonté politique de rapprocher les niveaux de service des standards asiatiques et nord‑américains.

Un cadre réglementaire consolidé

La Directive (EU) 2022/362 a constitué un tournant. Elle incite les États membres à généraliser des systèmes de facturation fondés sur la distance et la classe de pollution plutôt que sur des vignettes temporelles. La publication, fin 2024, des lignes directrices d’application a rassuré les opérateurs privés en clarifiant les obligations d’interopérabilité technique et de protection des données personnelles.[1]

Les projets phares de 2024‑2025
  • A13/A14, France : 210 km entre Paris et la Normandie, première autoroute nationale 100 % MLFF, mise en service progressive jusqu’à l’été 2025.[2]
  • Autobahn 4, Allemagne : Conversion d’anciennes gares de péage en portiques camera‑radar/DSRC, budget : €180 M.
  • E‑Toll 2.0, Pologne : Migration d’un système GPS déclaratif vers la lecture optique pour 700 km d’artères.

« Le péage en flux libre incarne l’avenir des mobilités : fluidité, efficacité et réduction des émissions. En supprimant les barrières physiques, nous optimisons le temps des usagers tout en modernisant la gestion des infrastructures. » Romuald CETKOVIC – Directeur Relation Client & péage- groupe SANEF

Enjeux techniques

La précision de la ANPR dépasse désormais 98 % sur plaque salie grâce à l’edge computing et aux capteurs 4 K. Les discussions portent surtout sur la certification européenne de la back‑office security. Les opérateurs doivent démontrer un chiffrement bout‑en‑bout et un effacement des images brutes sous 24 heures, sauf contentieux.

Perspectives

D’ici 2030, la Commission table sur 85 % des kilomètres à péage équipés en MLFF. Le maillage transfrontalier avec la Suisse et la Norvège testera la robustesse des accords de règlement uniques. Parallèlement, la pression citoyenne pour des tarifs différenciés selon l’empreinte carbone devrait pousser les opérateurs à intégrer la donnée véhicule OEM dès l’entrée sur l’infrastructure.

Conclusion

L’Europe accélère, mais le défi reste culturel : faire accepter qu’un péage invisible n’est pas un péage gratuit. La réussite passera par une communication claire, une facturation transparente et un service client réactif.


Sources :
[1] Directive (EU) 2022/362 du Parlement européen et du Conseil, 24 février 2022.
[2] Verra Mobility, « Europe’s Evolving Toll Infrastructure », octobre 2024.

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